Ce qu’il faut retenir : l’acquisition d’un hectare à Tremblay pour y bannir la chasse dès 2026 expose le collectif à une réalité juridique brutale. En refusant la régulation cynégétique, les propriétaires risquent d’assumer personnellement l’indemnisation des dégâts de gibier sur les cultures voisines, transformant ce symbole écologique en véritable piège financier.
Est-ce que l’achat de terres par des écologistes pour créer un bois libre évolution en Ille-et-Vilaine vous inquiète quant à l’avenir de notre passion et la gestion du gibier ? Alors que le collectif Chers Woods sanctuarise un hectare à Tremblay pour y interdire la chasse dès 2026, cette décision unilatérale pose de graves problèmes de cohabitation avec le monde rural et ignore la réalité du terrain. Nous révélons ici les risques juridiques méconnus de ce projet, car en refusant notre régulation, ces nouveaux propriétaires s’exposent paradoxalement à devoir payer eux-mêmes les dégâts causés par la faune sauvage aux cultures voisines.
- Un bois sous cloche en Ille-et-Vilaine : les faits
- La « libre évolution » : un concept séduisant mais déconnecté du terrain ?
- Interdire la chasse : les questions juridiques et financières qui fâchent
- Au-delà du symbole : vrais enjeux écologiques et montage financier
Un bois sous cloche en Ille-et-Vilaine : les faits

Le projet « Chers Woods » à Tremblay
Le collectif écologiste « Chers Woods » vient de concrétiser son action militante par un achat foncier. Ils ont acquis un bois d’un hectare situé sur la commune de Tremblay, en Ille-et-Vilaine.
L’objectif principal est radical : transformer cette parcelle privée en zone de libre évolution stricte. Cela implique une exclusion totale de toute intervention humaine, bannissant l’exploitation forestière et, surtout, la chasse.
L’échéance est déjà fixée : l’interdiction de la chasse sur ce territoire deviendrait effective à partir de 2026, date de la révision des baux de l’ACCA locale.
Un refuge pour la faune locale ?
Ce bois est principalement composé de feuillus et se trouve bordé par une rivière. C’est un habitat naturel a priori propice au gibier.
Le collectif affiche sa volonté de « « protéger » la faune déjà présente sur la parcelle. Voici les espèces qu’ils souhaitent voir prospérer sans régulation :
- Sangliers
- Renards
- Blaireaux
- Mustélidés
Les militants avancent un argument technique : laisser la nature en libre évolution permettrait à la forêt de mieux résister aux incendies. Ils estiment que les ongulés se chargeraient de « nettoyer » les broussailles.
Une initiative qui divise le monde rural
Cette démarche solitaire est très loin de faire l’unanimité sur le terrain. Les réactions sont vives et immédiates, notamment dans le monde de la chasse et de l’agriculture locale.
Les premières critiques ciblent la non-gestion des populations animales, qui est une source majeure de préoccupation. L’idée d’un bois libre évolution en Ille-et-Vilaine sans aucune régulation pose question sur l’équilibre agro-sylvo-cynégétique.
La « libre évolution » : un concept séduisant mais déconnecté du terrain ?
Un hectare, une goutte d’eau dans l’écosystème
Soyons réalistes sur les dimensions physiques de cette parcelle boisée. Un hectare représente un carré de seulement cent mètres de côté. C’est à peine plus vaste qu’un terrain de football standard.
Sur un hectare, l’impact sur la faune locale et les dégâts potentiels est comparable à une goutte d’eau dans l’océan, il ne faut pas s’alarmer outre mesure.
Le grand gibier ignore totalement ces frontières administratives dérisoires. Les sangliers traversent ce mouchoir de poche en quelques secondes. Un si petit « sanctuaire » ne peut absolument pas contenir une population.
Le mythe de l’autorégulation naturelle
Croire que la nature s’équilibre seule ici est une erreur fondamentale. Les grands prédateurs comme le loup sont absents de ce secteur d’Ille-et-Vilaine. Sans régulation, laisser le gibier proliférer sans contrôle devient vite une recette pour le désastre écologique.
Pourtant, l’équilibre agro-sylvo-cynégétique reste une priorité absolue pour nos campagnes. Ce résultat dépend d’une gestion active et nécessaire. Les chasseurs assurent ce travail indispensable pour préserver la biodiversité réelle.
Il faut oser poser la question qui fâche maintenant. Qui va réguler ces animaux si les chasseurs ne le font plus ?
Une vision idéalisée face à la réalité agricole
Ce bois se trouve littéralement encerclé par des parcelles agricoles productives. Une surpopulation de gibier dans ce « refuge » provoquera mécaniquement des dégâts massifs. Les cultures voisines de maïs subiront inévitablement les ravages des sangliers sortant de cette zone.
Créer volontairement un point de concentration du gibier sans régulation est irresponsable. C’est en quelque sorte organiser les problèmes pour les agriculteurs voisins. Il faudra tôt ou tard dresser un bilan financier de ces choix idéologiques coûteux.
Interdire la chasse : les questions juridiques et financières qui fâchent
Qui paiera pour les dégâts du grand gibier ?
Soyons clairs : quand un sanglier dévaste un champ de maïs, quelqu’un doit payer l’addition. Aujourd’hui, ce sont exclusivement les fédérations de chasseurs qui financent cette indemnisation agricole via nos cotisations. C’est un système unique où nous assumons financièrement les dégâts de la faune sauvage.
Mais si les propriétaires de « Chers Woods » verrouillent leur bois, la donne change radicalement. En refusant la gestion cynégétique, ils s’exposent légalement à devoir rembourser eux-mêmes les dégâts causés par les animaux sortant de leur parcelle. Une jurisprudence existe déjà : un propriétaire passif devient responsable.
Créer une zone refuge sans régulation, c’est accepter d’en assumer les conséquences financières. La facture des dégâts pourrait leur être directement présentée.
Le casse-tête des espèces susceptibles d’occasionner des dégâts (ESOD)
Il ne s’agit pas seulement de gros sous, mais d’obligations légales strictes inscrites dans le marbre. Le classement ESOD impose la régulation d’espèces comme le renard ou le sanglier pour protéger les écosystèmes. Acheter un hectare de forêt ne vous place pas au-dessus du Code de l’environnement.
- Peut-on s’affranchir du Code de l’environnement sur sa propriété ?
- Qui assurera la régulation obligatoire des ESOD ?
- Cette parcelle devient-elle une zone de non-droit ?
C’est là tout le paradoxe de cette démarche écologiste qui se veut vertueuse mais ignore la réalité du terrain. En laissant proliférer la faune sans contrôle, ils forceront le préfet à ordonner des battues administratives brutales. On passera d’une gestion cynégétique passionnée à une destruction administrative froide et sans âme.
On retrouve cette même logique défaillante quand on néglige la régulation des corvidés. L’absence d’intervention humaine ne crée pas un paradis, mais un déséquilibre immédiat qui nuit à la biodiversité locale.
Le rôle du chasseur responsable est justement d’éviter ces situations extrêmes par une présence active. Pour gérer votre équipement, consultez nos conseils sur https://www.toutpourlahutte.fr/blog/stockage-cartouches/.
Au-delà du symbole : vrais enjeux écologiques et montage financier
Mais cette affaire, au-delà de la polémique, est aussi révélatrice d’une méthode d’action et met en lumière un décalage entre les combats symboliques et les véritables défis environnementaux de la région.
Comment achète-t-on un bois pour le « sanctuariser » ?
Vous pensez que c’est compliqué ? Pas tant que ça. Le levier juridique utilisé est le Groupement Foncier Rural (GFR) citoyen. Le principe est simple : diviser le coût d’achat. Des parts sont vendues à des particuliers pour financer collectivement l’acquisition du terrain.
Voici la mécanique précise de cette opération militante :
- Création du GFR « Chers Woods » par les fondateurs.
- Vente de parts au public (à 100€ l’unité dans ce cas).
- Acquisition effective du terrain forestier à Tremblay.
- La SAFER, qui a un droit de préemption, n’a pas jugé bon d’intervenir sur cette petite parcelle.
Un combat symbolique face à des enjeux écologiques massifs
On s’excite sur un hectare, mais regardons la réalité en face. Le vrai désastre est ailleurs. Entre 45 et 80% des haies bocagères ont disparu en Ille-et-Vilaine depuis les années 50, ravagées par le remembrement agricole intensif.
Cette hémorragie du paysage modifie radicalement nos écosystèmes, selon une analyse scientifique. C’est là que se joue la vraie bataille pour la faune, pas dans une mise sous cloche isolée.
Alors, est-ce vraiment utile ? Mettre un hectare « sous cloche » flatte l’ego militant, mais s’attaquer à la reconstruction du bocage aurait un impact bien plus structurant pour la biodiversité, la qualité de l’eau et nos paysages de chasse.
Pire encore, le monde rural subit le déploiement de parcs photovoltaïques ou d’éoliennes sur des terres agricoles. Ces projets, souvent bien plus dommageables, font pourtant moins l’objet de ce type d’action militante que des initiatives publiques de préservation.
Au final, cette opération relève plus du coup de communication que de l’écologie concrète. Si sanctuariser un hectare ne changera pas l’écosystème local, cela illustre la méconnaissance de notre rôle de régulateur. Face à ces utopies de « libre évolution », continuons de défendre une gestion pragmatique et responsable, indispensable à l’équilibre de nos territoires ruraux.
FAQ
En quoi consiste exactement le projet du collectif « Chers Woods » à Tremblay ?
Ce collectif de militants écologistes a acquis une parcelle forestière d’un hectare en Ille-et-Vilaine via un Groupement Foncier Rural. Leur objectif affiché est de transformer ce bois en zone de « libre évolution » totale.
Concrètement, cela signifie qu’ils comptent y interdire toute intervention humaine, y compris l’exploitation du bois et, surtout, l’action de chasse dès 2026. C’est une mise sous cloche qui vise à exclure la gestion cynégétique locale de ce territoire.
Peuvent-ils légalement interdire la régulation des nuisibles sur leur terrain ?
C’est là que le bât blesse. Si le droit de propriété permet d’interdire l’accès aux chasseurs, il ne permet pas de s’affranchir du Code de l’environnement concernant les Espèces Susceptibles d’Occasionner des Dégâts (ESOD).
La régulation de certaines espèces comme le sanglier ou le renard reste une obligation légale pour des raisons sanitaires et de protection des cultures. Acheter un bois ne crée pas une zone de non-droit : si la prolifération devient problématique, l’administration pourrait imposer des mesures administratives, contredisant leur idéal de non-intervention.
Qui paiera la facture si le gibier de ce bois détruit les cultures voisines ?
C’est la question qui fâche le monde agricole. Habituellement, ce sont nos fédérations de chasseurs qui indemnisent les dégâts de grand gibier. Mais en créant volontairement un « refuge » sans régulation, les propriétaires s’exposent juridiquement.
Il existe une jurisprudence claire : un propriétaire qui favorise la prolifération de gibier en interdisant la chasse peut être tenu financièrement responsable des ravages causés chez ses voisins. Ils risquent donc de devoir sortir le carnet de chèques si leurs sangliers décident de labourer les champs alentour.
La « libre évolution » sur un hectare a-t-elle un réel impact écologique ?
Soyons réalistes : un hectare (100m sur 100m), c’est une goutte d’eau à l’échelle d’un écosystème. Parler d’autorégulation naturelle sur une surface aussi ridicule, sans grands prédateurs, relève de l’utopie.
Le véritable enjeu en Ille-et-Vilaine est ailleurs, notamment dans la disparition dramatique des haies bocagères. Ce projet ressemble davantage à un coup de communication symbolique anti-chasse qu’à une solution viable pour la biodiversité locale qui nécessite une gestion active et intelligente.
Le blog Toutpourlahutte Trucs & astuces pour chasseurs de migrateurs